De nombreux adultes sont concernés par des problèmes d’acné. Une pathologie difficile à vivre au quotidien et dont les causes peuvent être multiples. Comment améliorer l’état de sa peau ? Vers qui se tourner ? Les conseils du Dr Marc Pechère, dermatologue et vénérologue à la Clinique de La Tour, à Genève.
Le saviez-vous ?
Des chercheurs américains et taïwanais ont annoncé travailler au développement d’un vaccin contre l’acné. Ils auraient mis au point un anticorps ciblant la toxine responsable de l’apparition des boutons. Pour l’instant en phase expérimentale, le vaccin n’a pas encore été testé sur l’homme. « Compte tenu de la vaste palette de mécanismes qui entrent en jeu dans l’apparition de l’acné, il est peu probable que ce genre de vaccin soit efficace pour lutter contre les formes tardives, tempère le Dr Marc Pechère dermatologue et vénérologue à la Clinique de La Tour, à Genève. Cela reste selon moi un effet d’annonce, d’avantage qu’une véritable promesse thérapeutique ».
Le chiffre : 40% des adultes (hommes et femmes) seraient concernés par l’acné.
Les traitements :
- Roaccutane (isotrétinoïne)
- Retin-A creme (trétinoïne)
Je n’ai pas eu d’acné à l’adolescence, mais j’en ai aujourd’hui à l’âge adulte… est-ce normal ?
Malheureusement, avoir eu ou non de l’acné durant l’adolescence ne protège pas contre une acné tardive. « Ce sont deux maladies qui n’ont rien à voir, explique le Dr Marc Pechère. L’acné juvénile est liée à un dérèglement des glandes sébacées et à des mécanismes hormonaux, qui se régulent la plupart du temps naturellement après l’adolescence ».
À quoi est due l’acné chez l’adulte ?
Les acnés dites « tardives » concernent généralement les adultes entre 25 et 50 ans. Il en existe différents types :
L’acné rosacée :
Cette maladie inflammatoire et chronique de type couperose débute généralement vers 30 ans. Elle se caractérise par l’apparition sur le visage de roseurs pour commencer, puis des vaisseaux dilatés, et enfin des petites pustules, selon les stades d’évolution.
Les causes de l’acné rosacée sont encore débattues, mais des facteurs génétiques seraient en jeu (plus de risques en cas d’antécédents familiaux). Une exacerbation du système immunitaire influencée par l’exposition aux UV, les radicaux libres d’oxygène, et certaines bactéries sont d’autres causes possibles. « C’est une pathologie courante, qui se traite assez bien avec des crèmes anti-microbiennes qui permettent de gérer le parasite Demodex, en cause dans la survenue des pustules, détaille Marc Pechère. Des antibiotiques oraux sont prescrits en phase éruptive et éventuellement des séances de laser pour détruire les vaisseaux en cas de vasodilatation excessive.»
L’acné « cosmétique » :
Elle survient suite à l’utilisation de produits couvrants trop gras, qui obstruent les glandes sébacées. Le sébum sécrété s’écoule mal et la rétention entraîne l’apparition de boutons. La solution dans ce cas est de préférer des produits doux et des nettoyants adaptés.
La dermatite péri-orale :
Elle se développe plutôt chez la femme et se caractérise par l’apparition de papules rouges autour de la bouche, du nez, et/ou sur le menton. L’une des causes de cette maladie est l’utilisation prolongée de médicaments à base de cortisone. Il est donc conseillé de stopper ces traitements pour éventuellement les remplacer par des antibiotiques anti-inflammatoires. « D’autres causes sont suspectées, comme les parfums et les cosmétiques », ajoute Marc Pechère.
L’acné médicamenteuse :
Elle est moins fréquente, mais peut aussi survenir suite à l’utilisation de certains médicaments. C’est le cas par exemple avec la vitamine B12, qui peut favoriser ou aggraver l’apparition de boutons sur le visage.
Des événements de la vie peuvent-ils engendrer une poussée d’acné ?
Il est établi que le stress est un facteur aggravant. Une période de tension, un choc émotionnel, un changement de vie (licenciement, divorce, deuil), des troubles alimentaires ou une grande fatigue, peuvent avoir un impact sur la santé de la peau de façon temporaire.
Une acné durable, qui impacte la qualité de vie, ou des lésions anormales et/ou qui démangent, doivent conduire à consulter un spécialiste en dermatologie pour poser un diagnostic.
L’alimentation joue-t-elle un rôle ?
La question fait encore débat. Scientifiquement, rien ne prouve que le chocolat, les laitages ou encore l’alcool sont liés à l’apparition d’acné chez l’adulte. Si ces aliments semblent augmenter l’inflammation, l’acné est souvent multifactorielle. Quoi qu’il en soit, une alimentation trop grasse et trop sucrée est mauvaise pour la santé en général. Le mieux est donc d’opter pour un régime équilibré.
Quels sont les gestes à adopter au quotidien pour ne pas aggraver l’acné ?
C’est une règle d’or qu’il faut rappeler : manipuler les boutons ne fait qu’empirer la situation. « Il faut éviter au maximum de toucher sa peau, rappelle Marc Pechère. Dans les cas extrêmes, cela peut entraîner une « acné excoriée des jeunes filles» , un trouble du contrôle des impulsions de grattage qui peut laisser des cicatrices». On laisse donc ses boutons tranquilles, on lave son visage en douceur quotidiennement avec des nettoyants au PH neutre ou sans savon et on choisit des produits non comédogènes adaptés à son type de peau (sèche, grasse ou mixte).